Canada 3.0 – Bâtir un pays numérique dans l’intérêt de l’humanité
Par : Anthony Reinhart, 13 mai 2014
Poster en anglais sur : Canadian Digital Media Network
Il y a quatre ans, un dirigeant de l’industrie du logiciel, un recteur, un ministre fédéral, un ministre provincial et un maire se sont réunis pour réaliser un « lancement vers la lune » visant à stimuler le leadership du Canada en prévision de l’arrivée imminente de l’univers 3.0 et à faire du Canada un véritable pays numérique d’ici 2017.
Ils m’ont alors invité à Stratford, en Ontario, à titre de conférencier et comme délégué. Ç’a été un moment aussi mémorable qu’a pu l’être Woodstock dans l’histoire de la musique populaire. Même si nous venions tous de différents secteurs et ne savions pas vraiment à quoi nous attendre, nous avions en commun la volonté de participer au succès de l’événement et, surtout, la motivation de réaliser le potentiel du Canada à l’ère du numérique.
À la veille de se transformer en plaque tournante du théâtre au Canada grâce à son réputé festival annuel, la ville de Stratford invitait à la créativité, à la spontanéité et à la passion. D’ailleurs, on percevait déjà dans ses industries culturelles l’émergence de l’intégration numérique des arts et des sciences, de la culture et de la technologie, de la littératie et des données ainsi que d’une cohésion économique et sociale.
Le congrès s’est déroulé dans un immense aréna, seul bâtiment de la ville pouvant accueillir les quelque 2 000 délégués. L’endroit s’est révélé parfaitement approprié non seulement comme carrefour communautaire, mais aussi comme lieu symbolique faisant écho à la fierté canadienne, thème du congrès, et à la stratégie de Wayne Gretzky, qui consiste à aller là où sera la rondelle et non là où elle est.
Dès le départ, on a senti de l’électricité dans l’air. Avec la présence de petites entreprises en démarrage et de quelques multinationales (dont l’hôte OpenText, sous la direction de Tom Jenkins), le secteur privé était fort bien représenté. Il y avait une salle remplie de stands où étaient exposées des innovations de pointe, comme les fameuses « tuiles » de Christie Digital, des écrans numériques mobiles capables de projeter des images de tailles et de formes diverses à l’unité ou en mosaïque. Ici et là, de petits groupes étaient à l’écoute de jeunes entrepreneurs venus présenter leurs prototypes d’applications ciblant les marchés mondiaux émergents.
Des chercheurs universitaires de divers champs d’études en arts et en sciences ont proposé de nouvelles façons de penser « numérique » et de concevoir des outils pour analyser des données, bonifier l’apprentissage et améliorer la qualité de vie des gens et des collectivités. Les étudiants des écoles de la région et d’établissements d’enseignement postsecondaire de partout au Canada communiquaient entre eux à l’intérieur et à l’extérieur de l’aréna, Canada 3.0 étant devenu une tendance sur Twitter.
Beaucoup de notes ont été prises lorsque le ministre de l’Industrie de l’époque, Tony Clement, est monté sur scène pour procéder au lancement du document de consultation visant à définir une stratégie fédérale axée sur l’économie numérique. Tout le monde se demandait qui était le mieux placé pour assumer les responsabilités liées à l’élaboration des politiques, à la réglementation et aux investissements. Le maire de Stratford, Dan Mathieson, et le recteur de l’University of Waterloo, David Johnston (devenu depuis Son Excellence le gouverneur général), ont profité de l’occasion pour annoncer la création d’un nouveau campus satellite consacré à l’enrichissement de l’expérimentation des médias numériques par la recherche, l’enseignement et l’établissement de partenariats avec les secteurs public, privé et sans but lucratif, y compris les industries culturelles locales.
Dans ma présentation, j’ai mis l’accent sur les profonds changements de valeurs, de perspectives et de comportements qu’ont insufflés les avancées technologiques et qui ont rendu leur usage omniprésent et d’une polyvalence dépassant toute attente. Plutôt que de vivre dans une ère définie par la technologie, nous nous servons des nouveaux médias pour changer fondamentalement nos façons d’interagir.
Les résultats préliminaires, ai-je soutenu alors, annonçaient l’arrivée, dans tous les secteurs, d’une nouvelle approche centrée sur l’être humain ayant pour effet d’estomper la compartimentation entre le public, le privé et le sans but lucratif. L’ère du numérique donne lieu à un nouveau marché actionné par le consommateur, à un apprentissage centré sur l’étudiant, à des soins de santé orientés sur le patient, à des services ciblés sur l’utilisateur et à des politiques impulsées par le citoyen.
Le premier congrès a donné naissance à un optimisme mobilisateur ainsi qu’à une détermination stimulante et a permis l’éclosion d’une communauté numérique jetant des ponts entre les entreprises, les établissements d’enseignement postsecondaire et le gouvernement. Tous les délégués sont repartis convaincus que le Canada pouvait bel et bien devenir un chef de file mondial dans la transition de l’analogique au numérique, et ce, dans l’intérêt de l’humanité.
D’une durée de deux jours, Canada 3.0 2013, tenu en mai dernier, a honoré la promesse du premier congrès tout en considérant les nouvelles dimensions de notre ère en rapide évolution. Le CRSH a organisé un atelier portant sur la mise en place d’une infrastructure numérique efficace à l’ère des données massives. Ont participé à cet atelier Patrick Horgan (vice-président, Fabrication, développement et opération, IBM Canada), Tom Jenkins (président exécutif et stratège en chef, Open Text Corporation et membre du conseil d’administration, CRSH), Ted Hewitt (vice-président directeur, CRSH), Vincent Larivière (professeur adjoint, Sciences de l’information, Université de Montréal) et Wendy Cukier (vice-rectrice, Recherche et innovation ainsi que directrice et fondatrice du Diversity Institute, Ryerson University).
Certains changements apportés au congrès de cette année reflètent l’évolution et la maturation rapides de l’événement. Pour la première fois, il s’est tenu au Palais des congrès du Toronto métropolitain plutôt qu’à Stratford. Il a attiré à Toronto plus de 1 800 délégués sur place, sans compter les quelque 12 000 participants qui ont suivi son déroulement en ligne. Parmi les nouveautés : une invitation ouverte à contribuer à l’élaboration du programme en soumettant des idées en ligne ainsi que l’initiative Youth Movement et l’atelier sur les données massives, qui s’appuyaient sur des éléments définis lors du premier congrès.
Ce qui n’a toutefois pas changé, c’est la volonté commune de se dépasser pour faire du Canada un chef de file de l’ère du numérique. Et si vous voulez mon avis, il n’y a pas une seconde à perdre, car 2017 est pratiquement à nos portes.
Pour plus d’information: http://www.sshrc-crsh.gc.ca/about-au_sujet/president/index-fra.aspx