Dr Scott Preston
1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?
Je suis professeur adjoint au département des études sur la culture et les médias à la faculté des arts au University of New Brunswick, à Fredericton. J’agis comme conseiller pour la majeure de premier cycle en arts médiatiques et cultures, un programme de baccalauréat qui permet aux étudiants de combiner la production cinématographique et médiatique avec les études critiques, théoriques et historiques des médias.
2) Quelle formation avez-vous reçue?
J’ai un baccalauréat en beaux-arts et une maîtrise en arts spécialisée en études cinématographiques de Concordia University à Montréal. Pour mon doctorat, j’ai suivi le programme conjoint de communication et de culture de York University et de Ryerson University à Toronto.
3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?
Mon cheminement de carrière a été long et tortueux. Quand j’étais au secondaire, je rêvais de devenir un cinéaste. J’ai présenté une demande à plusieurs universités canadiennes offrant des programmes de cinématographie, mais elle n’a pas été acceptée. J’ai donc commencé à faire du bénévolat à la station de télévision communautaire locale de Saint John où j’ai grandi. La chaîne 10 de Fundy Cable (comme on l’appelait à cette époque) m’a finalement engagé à temps plein et j’y ai passé trois ans à produire différentes sortes de programmes de télévision. Je réalisais aussi mes propres émissions. J’ai créé une émission de critique de film appelée The 7th Art qui a diffusé une centaine d’épisodes. J’ai réalisé d’autres vidéos et courts métrages et je suivais des ateliers de cinématographie quand je pouvais.
Lorsque j’ai effectivement décidé de faire des études universitaires, j’étais plus âgé de quatre ans et j’ai découvert qu’il y avait beaucoup d’autres choses que la cinématographie qui m’intéressaient. J’ai suivi des cours d’anthropologie, d’étude comparative des religions, d’histoire de l’art, de philosophie pour n’en nommer que quelques-uns. J’ai finalement été attiré par le programme d’études cinématographiques de Concordia University et j’ai commencé mon parcours pour devenir un universitaire, combinant ma passion initiale pour le cinéma et les médias avec mon nouvel intérêt pour les sciences humaines et les sciences sociales.
Tout au long de mes études supérieures, mais surtout pendant mon doctorat à Toronto, j’étais entouré de personnes talentueuses et créatives qui faisaient de l’art, qui écrivaient et qui travaillaient dans les médias. Le programme de communication et de culture des universités York et Ryerson faisait également ressortir le lien important qui existe entre la théorie et la pratique. Quand j’ai été engagé au University of New Brunswick, j’ai apporté cette perspective avec moi en salle de classe dans le programme des arts médiatiques et des cultures, ainsi que dans ma recherche.
4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels?
Je travaille actuellement à deux projets. Les deux portent sur des questions d’identité locale et régionale et sur les industries médiatiques.
Depuis les quelques dernières années, je fais une recherche archivistique sur l’histoire du cinéma au Nouveau-Brunswick. Ce travail a été financé par une subvention à la recherche de University of New Brunswick que j’ai obtenue quand j’ai accepté mon poste à la faculté des arts. Même si la production de longs métrages est plutôt rare en général dans le passé du Nouveau-Brunswick, la province possède une longue histoire de films promotionnels, de films d’intérêt touristique, de films industriels et de documentaires qui dépeignent la province – ce que les érudits des médias, Charles Acland et Haidee Wasson, appellent le « cinéma utile ». Je suis actuellement en train de rédiger un article à propos du premier film réalisé au Nouveau-Brunswick, un film d’intérêt touristique sur des vacances de chasse à l’orignal datant de 1905. La reconstruction du contexte dans lequel le film a été réalisé me permet d’examiner comment différents intervenants dans la province à l’époque (gouvernement, entrepreneurs, le milieu des affaires, la compagnie de chemin de fer, etc.) ont travaillé ensemble et utiliser les médias (le film était un « nouveau média » en 1905) pour produire et diffuser une image du Nouveau-Brunswick qui a fait le tour du monde.
Une autre façon d’étudier l’histoire du cinéma au Nouveau-Brunswick est de l’aborder en tant qu’activité sociale. Nous n’avons pas réalisé de films populaires dans la province, mais nous en avons certainement regardés. Ce que nous regardons a un impact important sur qui nous sommes, sur notre sentiment d’identité locale et sur notre sentiment d’être rattaché au reste du monde. Je suis en train de préparer une nouvelle étude qui examinera comment les divertissements publics ont changé avec l’arrivée du cinéma dans des villes comme Fredericton et Saint John au début du XXe siècle. Les chercheurs américains ont tracé des microhistoires très réussies de la fréquentation du cinéma, mais rien de semblable n’a été fait au Canada.
5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?
Ce travail peut apporter une contribution dans deux domaines clés. Premièrement, le fait de consigner et d’interpréter cette histoire en la sortant des archives et en la mettant en contact avec le présent pourrait aider à mettre en contexte des politiques particulières relatives au soutien des industries créatives ou culturelles au Nouveau-Brunswick. Deuxièmement, il peut enrichir notre compréhension de l’histoire et de la relation qui existe entre les médias, la représentation et l’identité – des concepts qui sont tous à l’heure actuelle des éléments fondamentaux de l’élaboration des politiques culturelles.
6) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches ou aux politiques sociales et économiques?
C’est ma participation au conseil d’administration de DOCTalks qui m’a amené à entrer en contact avec le RRPSNB. DOCTalks est un organisme sans but lucratif composé de producteurs, de chercheurs et d’autres membres de la collectivité qui font la promotion de collaborations intersectorielles pour créer et partager des médias documentaires. L’an dernier, j’ai obtenu une subvention de 15 000 $ de Springboard Atlantic à titre de chercheur principal pour étudier la possibilité de tels partenariats dans le but de stimuler les industries médiatiques du Canada atlantique. Au cours de l’été, DOCTalks a tenu un symposium à Fredericton qui a réuni un large éventail d’intervenants pour discuter des possibilités et des défis liés au documentaire au Canada. Depuis, je travaille en étroite collaboration avec d’autres membres du conseil et d’autres chercheurs que j’ai rencontrés par l’entremise du RRPSNB pour établir des liens entre ma recherche historique, ma passion pour ma province et mon rôle comme professeur et les dirigeants de l’industrie et de la collectivité et les décideurs. Je suis très reconnaissant qu’un organisme comme le RRPSNB existe et travaille aussi fort pour permettre l’établissement de ces liens.