Jasmine Alam
1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?
Je suis présentement chargée d’enseignement à temps partiel au Département d’économie et à la Faculté de commerce de l’Université du Nouveau-Brunswick. Je suis aspirante au doctorat.
2) Quelle formation avez-vous reçue?
Je suis titulaire d’un B.A. en économie et d’une M.A. en politiques publiques. J’ai complété ma scolarité de doctorat à l’Université du Nouveau-Brunswick et je suis présentement des cours supplémentaires à l’Université d’Oxford.
3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?
Plusieurs raisons m’ont amenée à choisir cette carrière. Enfant, j’ai toujours côtoyé des étudiants au doctorat parce que presque tous les membres de ma famille occupaient des postes dans le monde universitaire. Le fait d’avoir grandi dans cet environnement a certainement influencé ma décision de poursuivre des études avancées.
Ma passion pour mon sujet de recherche est née il y a sept ans environ. En 2006, le professeur Muhammad Yunus a remporté le prix Nobel de la paix, et je me souviens d’avoir regardé la vidéo de la cérémonie chez mes grands-parents. Après mes études de baccalauréat, je me suis rendue au Royaume-Uni en 2007 pour faire ma maîtrise en politiques publiques au King’s College. Alors que je suivais des cours à la London School of Economics et au King’s College, j’ai eu la chance unique d’entendre une allocution de M. Yunus sur le développement d’entreprises à vocation sociale. Après le discours inspirant qu’il a livré, j’ai tout de suite changé le sujet de ma dissertation, soit « Three Essays on Fiscal Federalism » (Trois essais sur le fédéralisme fiscal), pour « Micro-credit and Its Impact on Poverty and Women’s Empowerment in Bangladesh » (Le microcrédit et son impact sur la pauvreté et l’émancipation des femmes au Bangladesh). Une fois ma maîtrise terminée, j’ai accepté un emploi dans le monde des affaires, mais sans jamais oublier tout à fait l’idée de l’entrepreneuriat social. J’avais beaucoup de questions et d’idées sur la façon de mettre en œuvre le modèle du microcrédit dans les pays industrialisés. C’est ainsi qu’a germé l’idée de lancer un projet-pilote de microprêts au Canada. En définitive, j’ai toujours su que je voulais travailler à l’éradication de la pauvreté et aussi contribuer à concrétiser la vision du professeur Yunus, qui consiste à reléguer la pauvreté au musée d’ici à 2050.
4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.
L’accès au crédit pose un défi pour de nombreuses personnes à faible revenu à Saint John, au Nouveau-Brunswick. S’inspirant du modèle de la Grameen Bank, mon comité de doctorat (les professeurs Rob Moir, Terry Conrod, Mustapha Ibn-Boamah et moi avons élaboré un modèle semblable, mais adapté au contexte canadien. Essentiellement, nous avons lancé un projet-pilote dans le cadre du Saint John Community Loan Fund. Ce projet vise à offrir des microprêts dans le contexte d’un groupe et il examinera l’impact des microprêts sur le taux de pauvreté et le renforcement de la capacité d’action.
Dans un premier temps, le groupe de population cible sera composé de femmes qui désirent créer ou faire grandir leur petite entreprise. Les prêts seront accordés sans biens affectés en garantie à des participantes soigneusement choisies, afin d’aider au financement de leur entreprise naissante et à l’achat de matériel nécessaire à leur entreprise et, au bout du compte, de générer un revenu.
5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?
Ce projet de recherche contribue à l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes parce qu’il démontrera comment le microcrédit fonctionnerait dans le contexte canadien et comment il faudrait ajuster les politiques pour appliquer le modèle de prêts de la Grameen Bank aux populations visées. Il fera aussi ressortir les moyens possibles de mesurer le rendement social des investissements et éclairera comment des stratégies stylisées axées sur le marché peuvent permettre au gouvernement de réaliser des économies dans les programmes sociaux. Il s’agit du premier projet du genre dans la province et de l’un des premiers conçus de cette façon au Canada. Les résultats fourniront des données probantes sur les moyens d’élaborer des politiques sociales efficaces en vue de réduire la pauvreté en faisant appel au marché de façon créative. De plus, il sera possible d’étendre les enseignements tirés du projet-pilote et de les appliquer à d’autres provinces, ce qui revêt un intérêt et une valeur considérables.
6) Décrivez-nous certaines de vos réalisations passées qui ont été importantes dans votre cheminement professionnel. Ont-elles contribué à promouvoir des politiques publiques fondées sur des données probantes?
Entre mon expérience de travail dans un organisme central du gouvernement et l’obtention de ma maîtrise en politiques publiques, de nombreux travaux ont été réalisés et ont contribué à faire progresser les politiques publiques fondées sur des données probantes. Mon programme d’études supérieures au King’s College était largement consacré à la promotion des politiques publiques fondées sur des données probantes. Même aujourd’hui, notre projet-pilote démontrera le recours à des données probantes dans la formulation de politiques sociales.
7) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches et/ou aux politiques sociales/économiques.
J’ai collaboré à divers projets avec le Réseau de recherche sur les politiques sociales et, en particulier, avec Nick Scott (directeur administratif intérimaire). Actuellement, j’aide à la coordination du programme de stages de la M.B.A. de l’Université du Nouveau-Brunswick, et nous envoyons chaque année une équipe d’étudiants de la M.B.A. prêter assistance au Réseau de recherche sur les politiques sociales dans le cadre de divers projets. Nos étudiants ont trouvé que leurs stages auprès du Réseau avaient été d’une valeur inestimable. En outre, le Réseau apporte son appui à mes recherches de doctorat et il a décerné des bourses d’études. Je suis fière d’être membre du Réseau. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec le Réseau et je sais que notre relation continuera de grandir.
8) Auriez-vous quelque chose à ajouter, un mot de la fin?
Andy Scott, Muhammad Yunus, Jack Layton, Michael Jackson, Oprah Winfrey, mère Teresa, Bono, Jon Bon Jovi, sir Fazle Hasan Abed (entre autres personnes) ont tous une chose en commun : la compassion. La compassion fera de notre monde un meilleur endroit dans les années à venir.