Odette Gould
1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?
Je suis professeure titulaire au Département de psychologie de la Mount Allison University à Sackville, au Nouveau-Brunswick. Je suis aussi chercheuse associée au Réseau de santé Horizon et au Centre d’études du vieillissement de l’Université de Moncton.
2) Quelle formation avez-vous reçue?
J’ai obtenu mon B.A. en psychologie de l’Université de Moncton, puis j’ai reçu ma maîtrise et mon doctorat dans le cadre du programme Lifespan Development du Département de psychologie de la University of Victoria.
3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?
J’ai toujours aimé interagir avec les personnes âgées de ma famille élargie et j’ai été ravie d’apprendre que je pouvais faire une mineure en gérontologie dans un programme de baccalauréat. Depuis lors, la recherche sur le vieillissement m’a toujours fascinée, en particulier les questions entourant l’utilisation de la langue et la communication tant à l’intérieur d’une même génération qu’entre générations. Je m’intéresse particulièrement à la façon dont les changements liés au vieillissement et touchant la mémoire et le langage ont un effet sur les soins de santé et la communication entre les fournisseurs de soins de santé et les patients âgés.
4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.
Je participe à trois programmes de recherche à long terme. L’un d’entre eux est un projet financé par le CRSH dans le cadre duquel mes étudiants et moi étudions les conversations intergénérationnelles afin de déterminer les facteurs qui les rendent agréables pour les deux groupes d’âge. L’objectif à long terme de ce programme de recherche est d’améliorer le recrutement et la rétention des jeunes adultes dans des emplois qui comportent les soins aux adultes âgés (p. ex., les soins infirmiers gériatriques). Deuxièmement, je collabore avec Suzanne Dupuis-Blanchard et d’autres membres du personnel du Centre d’études du vieillissement de l’Université de Moncton à un groupe de projets qui étudient le vieillissement chez soi. Nous nous intéressons à la façon dont les gens prennent des décisions sur le choix d’un endroit où vivre, sur les moyens qui leur permettent de vivre chez eux malgré des handicaps et sur les types de communautés qui renforcent leur capacité à demeurer chez eux malgré leurs handicaps. Troisièmement, je collabore à un groupe d’études avec des pharmaciens qui travaillent à l’Hôpital de Moncton. Par exemple, Janice Irvine-Meek et moi avons élaboré un outil d’évaluation que les pharmaciens peuvent utiliser pour déterminer si une personne âgée est capable de gérer elle-même sa prise de médicaments et pour formuler des recommandations visant à améliorer l’observance des traitements médicamenteux.
5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?
J’estime important que les politiques publiques prennent en considération le contexte local, en d’autres mots qu’elles se fondent sur les résultats de recherches locales aussi bien que de recherches nationales et internationales. Je crois qu’il est important que la recherche appliquée comme celle que nous faisons, moi et d’autres, dans cette province soit appuyée, soit publiquement disponible et soit utilisée par les décideurs du gouvernement. J’aimerais beaucoup que l’on élabore un registre au Nouveau-Brunswick (ou dans les Maritimes) qui pourrait contenir une liste de références à des publications en fonction des recherches menées dans ce domaine et qui, espérons-le, pourrait être consulté par les décideurs.
6) Décrivez-nous certaines de vos réalisations passées qui ont été importantes dans votre cheminement professionnel. Ont-elles contribué à promouvoir des politiques publiques fondées sur des données probantes?
Mes réalisations qui m’ont le plus amenée à m’engager dans la recherche appliquée liée aux politiques publiques ont été mes relations de collaboration en recherche avec des fournisseurs de soins de santé de l’Hôpital de Moncton et mes collègues en gérontologie de l’Université de Moncton. J’ai participé en particulier à des projets à l’Hôpital de Moncton où nous avons vérifié l’efficacité de quelques programmes pilotes qui ont par la suite été adoptés en permanence ou étendus à l’ensemble de la province.
7) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches et/ou aux politiques sociales/économiques.
Étant donné que j’ai commencé ma carrière en recherche en Colombie-Britannique et aux États-Unis et que je suis une relativement nouvelle venue dans le milieu de la recherche du Nouveau-Brunswick, les rencontres (surtout celles axées sur mon champ d’intérêt) ont été particulièrement utiles en me permettant de faire la connaissance de chercheurs et de chercheuses d’autres universités.
8) Auriez-vous quelque chose à ajouter?
Ces dernières années, j’ai de plus en plus assumé un rôle de personne soignante auprès de mes parents vieillissants. J’ai trouvé fascinant d’observer le système de soins de santé d’après la perspective d’un adulte âgé et fragile. De plus en plus, le système permet aux patients de prendre la responsabilité de leurs propres soins, ce qui constitue la situation optimale pour bon nombre de personnes. Cependant, le système doit aussi répondre aux besoins des personnes vulnérables qui n’ont pas beaucoup de ressources. Un exemple frappant que j’ai moi-même observé, c’est la façon dont on ne tient pas compte des aidants membres de la famille lorsque des personnes âgées sont hospitalisées. Les aidants naturels sont rarement informés à l’avance de l’heure à laquelle les visites de médecins ou d’autres professionnels de la santé auront lieu pendant le séjour à l’hôpital. Et pourtant, on s’attend à ce que le patient et l’aidant connaissent et se rappellent les informations qui ont été communiquées (à l’oral et très rapidement) à des patients qui sont parfois confus et anxieux. Pourquoi ne pas demander à la personne âgée si elle souhaiterait plutôt qu’un ami ou un membre de sa famille soit présent lors de ces visites? Je crois que de nombreux changements peu coûteux pourraient être intégrés dans le système de soins de santé pour mieux prendre soin de nos aînés. Ce genre de situations renforce ma conviction que la communication patient-médecin est cruciale pour la qualité des soins de santé, en particulier dans le cas des maladies chroniques et des soins gériatriques.
J’ai grandi au Nouveau-Brunswick et, en tant que fière Acadienne, je suis heureuse d’être de retour au bercail après de nombreuses années dans l’Ouest canadien et aux États-Unis. J’espère pouvoir aider à améliorer le mieux-être des personnes âgées (et de celles qui le seront bientôt) de cette province par mes recherches et mon enseignement. Cela m’inquiète quand j’entends des politiciens et des représentants des médias parler en mal du vieillissement de la population. Le fait qu’un si grand nombre de personnes parmi nous atteignent un âge avancé est signe que notre société et nos politiques publiques sont fructueuses! Nous devons voir nos personnes âgées comme une ressource importante qui peut aider à bâtir et à améliorer nos communautés. Comme je le dis à mes étudiants, la vieillesse n’est pas quelque chose qui nous arrive, c’est quelque chose que l’on crée. J’espère contribuer à créer, pour moi-même et pour autrui, une communauté où il fera bon vieillir.