Sandra Byers
1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?
Je suis professeure et directrice du Département de psychologie de l’UNB.
2) Quelle formation avez-vous reçue?
Je détiens une maîtrise et un doctorat en psychologie clinique de la West Virginia University. J’ai grandi et j’ai fait mes études secondaires à Montréal.
3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?
Je suis une psychologue clinicienne agréée qui enseigne, qui mène des recherches et qui fournit des soins thérapeutiques principalement dans le domaine de la sexualité et du bien-être sexuel. Comment j’en suis arrivée jusqu’ici? Quel a été mon parcours professionnel? J’ai commencé par faire des études de baccalauréat en pensant me destiner aux sciences, puis j’ai pris mon premier cours de psychologie. Après m’avoir patiemment écoutée durant d’interminables soupers lui raconter ce que j’avais appris en classe ce jour-là, ma colocataire a fait remarquer je ferais peut-être mieux de m’orienter vers la psychologie vu ma passion pour le sujet comparativement à mes autres cours (j’ai été un peu lente à m’en rendre compte moi-même). Il m’est alors apparu que je pourrais combiner mes intérêts et mon choix de carrière en me dirigeant vers la psychologie. Mes cours de baccalauréat en psychologie m’ont incitée à poursuivre des études supérieures en psychologie clinique. Au bac, sur les conseils d’une autre colocataire, j’avais suivi un cours de sexualité humaine, ce qui m’a amenée à m’intéresser à la sexualité humaine. Même si aucun de mes travaux au doctorat ne se rapportait à la sexualité humaine, j’ai voulu faire mon internat dans un milieu clinique qui comprenait une formation en thérapie sexuelle. Depuis mon arrivée à l’UNB, la plupart de mes travaux de recherche et une bonne partie de mes cours traitent de la sexualité humaine. Ce qui m’a poussée à faire le travail que je fais, c’est surtout un mélange de curiosité intellectuelle et de désir d’améliorer le bien-être sexuel. La curiosité m’incite à vouloir trouver des réponses à des questions fondamentales et importantes concernant le comportement sexuel et le bien-être sexuel. Mon désir de contribuer à transformer les individus et la société m’amène à enseigner, à donner des exposés et des ateliers, à réaliser des recherches axées sur les politiques et, dans le cadre de ma pratique clinique, à voir des gens qui ont une grande diversité de problèmes d’ordre sexuel. Je suis inspirée par mes collègues, mes collaborateurs et mes étudiants, qui ont comme moi la passion de travailler au développement d’une attitude positive envers la sexualité dans la société. Je m’estime très chanceuse, car je n’ai eu que des appuis de l’UNB pour mon travail.
4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.
Je suis présentement engagée dans de nombreux projets de recherche en collaboration avec mes étudiants actuels et d’anciens étudiants de cycle supérieur, ainsi qu’avec des collègues d’un peu partout dans le monde. Toutes mes recherches ont des implications pour le bien-être sexuel – certains projets plus directement que d’autres. Par le passé, j’ai réalisé plusieurs projets qui ont eu des retombées directes sur les politiques sociales – dans certains cas, nos recommandations ont été mises en œuvre par le gouvernement provincial. J’ai choisi de décrire les deux projets qui ont les plus grandes retombées sur les politiques sociales.
En 2001, la professeure Heather Sears et moi avons mené une série d’études portant sur l’attitude des parents, des enseignants et des élèves envers l’éducation sexuelle dans les écoles. Nous avons aussi évalué la qualité de l’éducation sexuelle en milieu scolaire et celle de la communication parent-enfant en matière de sexualité. Nos résultats ont éclairé la révision du programme d’études en éducation à la santé sexuelle du Nouveau-Brunswick et ont mené à la création d’un vaste programme de formation des enseignants et des enseignantes. Ils ont aussi donné lieu à plusieurs publications. Depuis, je me suis souvent demandé dans quelle mesure le programme d’études est présentement mis en œuvre dans les écoles du Nouveau-Brunswick. Comme première étape en vue de répondre à cette question, la professeure Lisa Dawn Hamilton, de la Mount Allison University, et moi effectuons un sondage auprès des étudiants et des étudiantes universitaires de première année du Nouveau-Brunswick (et d’autres provinces) sur leur expérience relativement à l’éducation sexuelle reçue à l’école. Une prochaine étape serait de faire un sondage auprès des adolescents et des adolescentes des écoles intermédiaires et secondaires. De plus, dans le cadre d’une étude financée par le CRSH, la professeure Sears et moi faisons un suivi de nos résultats concernant la (mauvaise) communication parent-enfant en matière de sexualité en examinant les perceptions des parents et des jeunes adolescents. Les résultats de ces études auront une incidence sur la santé sexuelle des jeunes du Nouveau-Brunswick en améliorant l’éducation sexuelle offerte à l’école et à la maison.
Par ailleurs, je travaille en collaboration avec la professeure Diane LaChapelle, du Département de psychologie de l’UNB, et avec la participation du professeur Pablo Santos Iglesias, titulaire d’une bourse post-doctorale Banting, à un projet sur la fibromyalgie et le bien-être sexuel. La fibromyalgie est une maladie chronique caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques accompagnées de fatigue, de troubles du sommeil et de l’humeur et d’autres symptômes somatiques, qui touche de 2 à 3 % de la population canadienne, en particulier des femmes. La fibromyalgie entraîne une diminution de la qualité de vie en général. De plus, la plupart des personnes qui en sont atteintes disent souffrir de dysfonction sexuelle. On sait peu de choses sur le bien-être sexuel des personnes atteintes de fibromyalgie et/ou de leur partenaire, même si la sexualité constitue un aspect important de la vie et des relations de la plupart des gens. Par conséquent, l’objectif global de cette recherche est d’améliorer notre compréhension des effets de la fibromyalgie sur une grande variété d’aspects du bien-être sexuel des hommes et des femmes – le comportement sexuel, les pensées à caractère sexuel, les sentiments sexuels et la motivation sexuelle. En collaboration avec nos partenaires communautaires, nous nous appuierons sur les résultats obtenus pour définir des façons de faire sensibles à la spécificité des sexes et des changements de politiques qui augmenteront le bien-être des personnes atteintes de fibromyalgie et de leur partenaire, contribuant à améliorer leur qualité de vie.
5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?
La sexualité et le bien-être sexuel sont importants pour la plupart des gens. De plus, un grand nombre de politiques sociales ont un effet direct sur le bien-être sexuel, y compris les politiques en matière d’éducation et d’accès aux services. Tous mes projets de recherche ont des implications directes ou indirectes sur l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.